e-Gro

« Pourquoi la culture basée sur les données est pertinente »

Silke Hemming
Silke Hemming
1 janvier 1

« Le temps est venu pour une culture basée sur les données »

En tant que chercheuse à la Wageningen University & Research et coorganisatrice de l’Autonomous Greenhouse Challenge, Silke Hemming suit de près l'évolution de la culture basée sur les données. « Il y a encore beaucoup de difficultés à surmonter, mais le monde entier observe et coopère pour que se poursuive la culture à distance. Il y a quinze ans, personne n’en avait envie. Aujourd’hui, c’est toute autre chose.

Lors de la première édition d’Autonomous Greenhouse Challengelle, on en a beaucoup parlé et on a beaucoup écrit. Pour la deuxième édition, qui débutera à la mi-décembre 2019 et où le défi est encore plus grand, l'intérêt est impressionnant. Plus de 100 équipes mélangées (étudiants, chercheurs, programmeurs et professionnels de la culture), venant de tous les coins du monde, ont signé pour participer à ce concours particulier. Grodan est l'un des sponsors de ce concours et met à disposition des capteurs GroSens et des pains en laine de roche pour les équipes participantes.

Pas nouveau, mais innovant

La culture basée sur les données n’est pas une nouveauté. Les producteurs se laissent guider depuis longtemps par les données climatiques mesurées à l'intérieur et à l'extérieur des serres. Ils les comparent avec celles du passé ou à celles d'autres producteurs. Alors pourquoi tout cet intérêt soudain pour la culture basée sur les données?

« C’est parce que la technologie évolue actuellement de façon radicale et nous permet de zoomer sur la plante ainsi que sur des modèles de calcul permettant de prédire avec précision la réaction de la plante aux points de consigne. De cette façon, on peut aussi prédire l’avenir et aider le producteur à prendre ses décisions », déclare Silke Hemming. « Les entreprises technologiques travaillent depuis longtemps sur des plateformes de données pour l’alimentation. Maintenant que de nouveaux modèles de revenus émergent dans la production végétale - pensez aux concepts d'agriculture verticale et de culture intensive avec l’éclairage LED - le besoin d'options de contrôle augmente et le développement de la culture à distance prend de l'ampleur. Ce défi est un moyen amusant d’acquérir de nouvelles connaissances et expériences, de tester de nouvelles technologies et d’en tirer des enseignements. »

De réactif à proactif

La gestion actuelle des cultures est encore largement basée sur les observations et les idées personnelles. Selon la chercheuse, les producteurs conservateurs commencent également à se rendre compte que, même si le fait d’avoir les doigts verts reste utile, ce n’est pas la panacée. « La gestion de la culture a toujours un fort caractère réactionnel », poursuit Hemming. « Vous modifiez les points de consignes lorsque la culture se développe de façon trop végétative ou générative, ou si des symptômes de carence apparaissent. Tout bien considéré, la plante a donné des résultats sous-optimaux depuis un certain temps. Il existe maintenant des capteurs qui permettent de suivre en temps réel l'état du système racinaire, le microclimat autour de la plante et même la photosynthèse. Cela permet d’y répondre beaucoup plus rapidement. En combinaison avec des modèles de croissance avancés, vous pouvez alors anticiper pour éviter des performances sous-optimales. Cela se traduira par des rendements plus élevés, une qualité de produit améliorée, une résilience supérieure et une utilisation plus efficace de l'énergie, du CO2, de l'eau et des nutriments. »

Défis

La chercheuse conclut que le secteur en amont est pleinement engagé dans le développement de plateformes facilitant la culture basée sur les données et la rendant accessible sur le terrain. « Votre concept e-Gro en est un bon exemple », dit-elle. « Je suis sûre que ce type d’initiatives fera progresser l'horticulture. Je vois cela comme un « chantier en cours », car il reste encore beaucoup de défis à relever avant de pouvoir disposer de systèmes véritablement autonomes couvrant tout le spectre de l'observation, du traitement des données et de l'optimisation des cultures. » L’un de ces défis est le fait que les données sur les cultures, les conditions de croissance, le climat et l’eau / les nutriments proviennent de différentes sources de données, saisies en manuel ou en numérique, certaines données par minute (climat), d’autres par jour (récolte), d’autres par quinzaine (analyse des nutriments). L'analyse, l’association et l'interprétation de toutes ces données est un défi de taille. De plus, il reste des observations qui se font sans être (encore) enregistrées numériquement, telles que les observations du producteur lorsqu’il traverse la serre.

Pertinence

Hemming : « Nous devons également nous demander si tout ce que nous mesurons et que nous pouvons mesurer est pertinent par rapport à ce que nous voulons réellement connaître, à savoir ce que ressent la plante et si elle fonctionne au mieux de ses possibilités. La réponse à cette question est bien sûr négative. En outre, toutes les données actuellement mesurées ne sont pas faciles à interpréter ou à traduire en actions concrètes. Nous ne pouvons pas examiner la plante aussi profondément que nous le voudrions, mais là aussi, c’est en train de bouger. »

Une fois que le producteur dispose des données pertinentes souhaitées, que peut-il en faire ? Mettre l'accent sur la production, la qualité et le moment de la récolte bien sûr, mais pour un résultat financier maximal, il devrait également utiliser les informations du marché.

Nouvelle génération

Au final, la chercheuse de Wageningen s'attend à ce que des plateformes combinent toutes les informations pertinentes et aident les producteurs à prendre des décisions. Elles ne rendront certainement pas le producteur superflu, mais augmenteront énormément ses capacités. Cela est également nécessaire, car le nombre de bons producteurs opérationnels est en baisse constante à travers le monde. Le point positif des nouvelles technologies telles qu’e-Gro est qu’elles peuvent susciter un regain d’intérêt pour le secteur vert chez les jeunes, qui sont familiarisés avec les jeux interactifs et les applis. De nouveaux concepts de culture tels que l'agriculture verticale, pour laquelle beaucoup de pays s'intéressent beaucoup, y contribuent également. Cela vaut également pour d'autres développements basés sur la technologie et l'intelligence artificielle, tels que la robotisation et la télédétection, associés ou non à des drones.

« Vous pouvez sans risque dire que le temps pour la culture basée sur les données est venu », conclut Hemming. «Ce n’était pas le cas en 2006, lorsque les collègues de nos serres de Naaldwijk géraient la culture de poivrons avec plus ou moins de succès à l’aide de modèles informatiques. Peu de gens étaient enthousiastes à l’époque. Je m'attends à ce que le développement s'accélère énormément au cours des cinq prochaines années et que les plateformes de culture autonomes deviennent l'équipement standard d'une nouvelle génération de chefs de cultures. »

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